Archives de catégorie : L’autoarchitecte

fondations zéro béton

On sait désormais l’impact considérable du matériau béton sur l’environnement , et plus précisément de la demande faramineuse en sable pour la construction. Les  carrières tournent  à plein régime, on n’hésite plus à prélever sur les plages,  les littoraux, les fonds marins pour satisfaire une demande toujours croissante. Nous, nous sommes tournés vers des fondations zéro béton. D’abord pour limiter notre impact écologique, ensuite pour assurer une réversibilité totale lors de la future déconstruction de la maison et « le retour à l’herbe », ensuite pour la rapidité de mise en oeuvre, la technique non intrusive ( pas de fouille, le sol n’est pas bouleversé ), enfin le cout  largement compétitif par rapport à des fondations « traditionnelles » type radier béton ou même plots béton. La technologie est issue de Technopieux. Après étude de sol, 22 pieux ont été enfoncés mécaniquement sur une profondeur entre 2,10 cm et 3, 15 m pour atteindre la capacité portante requise, environ 10 tonnes/plot. Une fois coupés  à niveau et pourvus d’une platine, les plots sont aptes à recevoir la structure périmétrique en lamellé-collé.dscn5086

traiter nos eaux grises

Eaux grises, c’est à dire les eaux « usées » qui sortent de la maison : évier, lave-mains, douche, lave-linge et lave-vaisselle. Puisque pour le reste, les eaux… hum… caca d’oie, nous avons des toilettes sèches. Nous avons opté pour la phytoépuration : un bac unique d’environ 10 mètres cubes  (3 équivalents/hab ) rempli de lits de gravier, gravillon et pour finir sable. Ce bac est ceinturé par un « chemin de ronde » en douglas qui permet de faire le tour de l’installation et recouvert par une grille piétonnière pour protéger des intrusions ( enfants, animaux domestiques, rongeurs…) Les eaux chargées percolent  à travers ces différents lits pour passer ensuite dans un drain et s’écouler ensuite dans une zone d’épandage. Le filtre vertical  est planté de roseaux (phragmites australis ), la zone d’épandage de plantes variées (iris pseudoacore, juncus effusus… ) pour un aspect esthétique satisfaisant, nous avons décidé « d’habiller » le bac en polyéthylène d’une ceinture en pierres sèches. Cette ceinture forme un talus sur lequel  pousseront des plantes d’agrément.station

une terrasse montée sur pneus ?

L’idée, c’était de trouver un support solide pour poser notre terrasse par dessus. Toujours selon nos principes : zéro béton, fondations réversibles, matériaux recyclés, prix imbattable, facilité de mise en oeuvre… sans rien lâcher sur la solidité. Je suis donc allé chercher chez mon garagiste préféré les pneus dont j’avais besoin. « Pas de problème, tu prends tout ce que tu veux, tu peux même me débarrasser de tout mon stock ! » L’intérêt, c’est que pour un même diamètre (16 ), on peut disposer de plusieurs épaisseurs (185, 195, 215…) Idéal pour rattraper les inégalités de terrain. Les pneus sont posés  à plat, sans fouille, sur le sol. Pour les ancrer au terrain, 3 tiges de fer à béton diamètre 20 enfoncés  à force jusquà 80/100 cm de profondeur. Les pneus sont ensuite remplis de gravier très soigneusement tassé pour éviter la déformation : ainsi deux pneus superposés contiennent 240 kg de gravier ! Sur mes pneus  correctement alignés j’ai boulonné une traverse métallique de récup constituée de 3 lisses de rack à palette. Elles sont prévues pour supporter 3 tonnes. Pas de problème, on pourra danser sur la terrasse ! Ensuite, mise en oeuvre classique : lambourdes en douglas que j’ai pris soin de protéger de la pluie par un ruban d’étanchéité sur la partie supérieure, muraillère ou sabots métalliques, lames de terrasse (ici, du cèdre ) fixé à la visseuse  à chocs. Finition rustique : c’est ainsi que chez nous, « terrasse » se prononce « ponton » !terrrasse

déplacer des montagnes

De toute façon la pierre est plus forte que toi. Plus vieille,  plus lourde, plus inerte. Si tu entreprends de la déplacer, mieux vaut compter sur ton intelligence plutôt que sur ta force brute. Intelligence, c’est les savoir-faire, les techniques, l’expérience. Je ne parle pas ici des engins mécaniques, bulldozer, tractopelle, etc… Je te parle d’un face-à-face direct, d’homme à pierre,  avec la matière. On n’a guère inventé depuis les pyramides ou les cathédrales : leviers, point d’appui, barre à mine, rouleaux, cales et coins. En évitant de se coincer un doigt ou de se ruiner le dos. Et finalement, ça avance ! ( le record, un bloc de granite d’environ 970 kg ) S’ensuit le bonheur de voir la pierre à sa juste place, le mur monté pour mille ans au moins, la mousse qui colonise l’édifice.

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la pierre sèche

 » Avec leurs mains desus leurs têtes, ils en ont bâti des murettes jusqu’au sommet de la colline… »  Jean Ferrat

« Il ajuste une à une des pierres sans mortier, il en construit des alignements de plusieurs kilomètres (…) c’est une architecture sans merci, il y faut du goût, du sens de l’équilibre, de la soumission au paysage, moins de force physique que de feu, de la patience… » Jean Giono

Construire en pierre sèche, une activité qui échappe au narcissisme : parce qu’en bâtissant tu finis par te ruiner le dos et les reins.  Tu t’écrases les doigts même avec les gants. Et il t’arrive même de t’écraser un orteil ou de prendre une barre à mine dans le portrait. Ne riez pas, ça m’est arrivé. Et quand tu as fini, ou ton mur est mal monté et il se casse la gueule. Ou il est bien monté et personne ne veut croire que c’est toi qui l’a fait. Genre :  » Ah, autrefois, à l’époque, les vieux , ils savaient travailler. « avant après

dallages

La pierre au sol : récupérer patiemment lauzes, dalles, pierres plates, pavés,   anciens trottoirs (!),   placer au sol sur un lit de graviers, ajuster  au mieux les angles des pierres quadrangulaires, assembler au mieux les autres en opus quadratum ou opus incertum. Laisser reposer. Le sol inusable supporte le poids des véhicules, se patine avec le temps, évite l’érosion de la pluie, a l’avantage de sécher vite, garde longtemps la chaleur du soleil et constitue un repoussoir efficace contre les taupes. Ne pas oublier de desherber régulièrement et d’enlever les feuilles mortes. C’est tout et c’est beau. On dirait que ça a toujours été là. Le meilleur compliment: « Ah, autrefois, les anciens, ils travaillaient bien !  »

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soutenir, renforcer

Les murailles bâties en pierre étaient prévues pour durer. Néanmoins, elles doivent résister à des agressions multiples : les saisons avec les écarts de température, les cycles gel-dégel ( aquo es una  nueit a far petar la muralha …), les pluies d’automne et de printemps dont les eaux s’infiltrent, les arbres  qui poussent leurs racines profondément si l’on n’y veille pas, sans compter des ennemis plus discrets comme les taupes ou les campagnols. Sans oublier la loi de la gravitation universelle : per davalar tots los sants t’ajudan.  C’est pourquoi il vaut toujours mieux prévenir que guérir et j’ai édifié au cours des années plusieurs ouvrages en pierre maçonnée, contreforts, renforts, piliers de soutènement, qui renforcent ou complètent les ouvrages existants et les bassins et empêchent les murs de quitter la verticale.

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des cabanes en pierre sèche

Capitelle, jasse, cabane, mazet, carabela, borie, tant de noms locaux pour la même tradition ancestrale de constructions
en pierre sèche : le matériau trouvé sur place, un soin particulier à bâtir la pierre, une voûte autoportante où chaque pierre est posée délicatement en porte-à-faux sur celle de dessous sous peine de voir la toiture s’effrondrer sur l’homme et son chien, le tout formant un abri bienvenu pour le randonneur en butte aux éléments ou juste une pause contemplative. Nous en avons édifié plusieurs, celle de schiste a été bâtie (2002) au sommet de Quiersboutou (837m ) qui domine les hameaux de Castans (Aude ), l’autre forme une sorte d’ermitage semi-enterré pour attendre la fin des temps… ou de l’averse.

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