Mon billet d’humeur après le 20 janvier…
L’empire des miardères
Ça y est.
On le sentait bien depuis quelques années que la démocratie battait de l’aile. Rappelez-vous, Jospin 1995, la préhistoire : « on peut pas lutter contre la phynance ». Mais nous, tété que nous avons le lait des Lumières et le nectar des Droits de l’homme, on y croyait encore un petit peu, à la démocratie, genre les candidats exemplaires, le bulletin dans l’isoloir, les majorités, la voix des peuples, machin-truc-pouët-pouët. Aujourd’hui, c’est mort. Les miardères ont désormais fait main basse sur la politique, les media, la justice, la santé, l’alimentation, les retraites, la sexualité, l’énergie, l’armée, les religions, la science, la culture, le climat. Nos vies. Aux Etats-Unis, la seule chose qui peut avorter c’est la démocratie. En toute indécence, les miardères peuvent afficher leur revenus monstrueux, (+2000 miards en un an) et leur haine de tout ce qui ne leur ressemble pas. C’est assez nouveau : le capitalisme de papa faisait encore attention aux publics, puisque chaque individu était avant tout un client potentiel. Aujourd’hui, même plus besoin de prendre des gants, de faire des manières. La matière première de leur bizness ce sont nos cortex. Les zalgos qui gèrent ton temps de cerveau disponible te procurent juste les infos, non pas celles dont tu as besoin, mais celles qui alimentent ta dose de dopamine quotidienne. La vérité ? Qué vérité ? La vérité, comme les faits scientifiques, est devenue une opinion parmi d’autres.
L’homme le plus riche du monde s’est maqué avec l’homme le plus puissant du monde. Concentration des pouvoirs inédite. Docteur Folamour épouse Big Brother. L’un salue la foule comme un empereur romain ( à moins que ce ne soit un doigt d’honneur qui fait führer), l’autre locataire du Capitole frappe monnaie à son effigie (première capitalisation, 60 milliards de dollars).
En route vers la dictature obscure. Reviens Néron, ils sont devenus fous. Peuples, voici venu l’empire des miardères. A eux l’autoroute des pleins pouvoirs. A nous le boulevard des zombies.
Sinon faire front. Comme jamais.