Le projet du « four pas banal » de Rouairoux (81) est fort sympathique et porté par une belle équipe. J’ai apporté ma pierre à l’édifice ( si l’on peut dire ) et mon expérience en bâtissant un mur en pierres sèches et un escalier attenant.
Le projet du « four pas banal » de Rouairoux (81) est fort sympathique et porté par une belle équipe. J’ai apporté ma pierre à l’édifice ( si l’on peut dire ) et mon expérience en bâtissant un mur en pierres sèches et un escalier attenant.
Question centrale, l’eau. Le plan de travail a été découpé soigneusement à la scie sauteuse avec un gabarit pour recevoir l’évier. C’est un petit évier en inox Dometic 28X38 fourni avec sa bonde et le bouchon. L’évier est juste collé avec une colle souple qui fera aussi office de joint. On a choisi un robinet basique en plastique Barwig.
Sous l’évier est placé l’alimentation d’eau : un tuyau de 10 mm de diamètre plonge dans l’eau propre du jerrican. Une pompe à pied Damade assure le transfert de l’eau du jerrican vers le robinet (qui reste toujours en position ouverte). Pourquoi une pompe à pied plutôt qu’un robinet à contacteur 12 v à brancher sur l’allume-cigare ? Toujours dans un souci de simplicité et de plus grande autonomie. Plus c’est simple, meilleur c’est. Sous la bonde se trouve un autre tuyau en 10 mm pour évacuer l’eau usée vers un autre jerrican dédié fixé à l’extérieur.
La « quichenette » prête à l’emploi.
On voulait créer un aménagement sommaire, basique même, mais qui puisse nous permettre de faire un minimum de cuisine en autonomie, utiliser de l’eau à l’intérieur avec une réserve d’eau potable et aussi un récipient pour les eaux usées. Notre cahier des charges prévoyait un plan de travail de 45X75. Difficile d’imaginer plus petit, sous peine de réinventer la dinette de poupées ! J’ai construit l’ensemble de la quichenette avec du contreplaqué de 18 mm assemblé avec de la cornière perforée. C’est facile à mettre en oeuvre avec quelques vis et ça a un petit côté brut d’usine qui me plait bien.
Je l’ai conçu avec le plan de travail supérieur amovible. En deux parties c’est moins lourd à déplacer et ça permet d’intervenir en cas de problème (qué problème ?). Toujours pour faciliter le déplacement, le « bloc-quichenette » est dotée de 4 roulettes. Pour éviter qu’il se balade quand on roule, il sera attaché (sangles et crochets en bas).
la quichenette remplie
Vu de face, le bloc comprend à gauche le jerrican d’eau propre (20 l) et le réchaud à gaz. A droite prennent placent deux caisses standard, par exemple une pour les denrées et l’autre pour la vaisselle et les couverts. Un tendeur empêche les caisses de valdinguer pendant le transport.
Le plan de travail
réalisé en contreplaqué de 18 mm. Le plateau est recouvert d’une finition grisée, c’est très classieux ! J’ai trouvé ce panneau en promo en magasin de bricolage. Comme il mesurait 47 X 150, j’ai pu le couper en deux, le munir d’une charnière en long et nous disposons ainsi d’une rallonge bien appéciable. Astuce : le pied de la rallonge a été coupé dans un ancien mât de tente. J’ai même recyclé deux pattes zinguées de la tente pour faire un support pour ce pied à l’arrière du meuble (à suivre…)
Clôture « country » ou, pour dire les choses autrement, rustique soigné. Ingrédients : deux solides poteaux en ferraille très très costauds ( j’avais récupéré ces éléments ainsi que d’autres sur la déchèterie de Saint-Pons quand elle était encore ouverte à tout-va ). Je crois bien qu’il s’agit d’anciens tubes pour forage. Enfoncés à force à 60/70 cm de profondeur. Pour les poteaux de clôture carrés, ancrages en acier galva enfoncés à 70 aussi . Ca devrait tenir… Là dessus, une jolie petite clôture en pin traité autoclave de chez L.M. (j’ai pas à faire de la pub, chacun son job ) et surtout un muret en pierres sèches. Les pierres ? Des pistes ont été ouvertes pour les forestiers dans l’Espinouse. Des miliers de pierres magnifiques ont été poussées par le bull dans les talus où elles continueront leur existence enfouies à jamais sous la végétation. Alors j’en ai prélevé quelques unes sans état d’âme. Au contraire, je leur offre une visibilité constante, une place au soleil. Elles doivent m’en savoir gré. Ah, j’oubliais : la boite à lettres peinte par Marie façon Hundertwasser.
Une maison comme un manifeste écologique : zéro béton pour les fondations (pieux vissés), terrasse montée sur pneus de récup, ossature et bardage en douglas de la Montagne Noire, artisans locaux, chauffe-eau solaire, toilettes sèches, assainissement par filtres planté de roseaux, poële à bois pour chauffer toute la maison, tri sélectif, jardin en permaculture, tondeuse à main, serre avec des fenêtres recyclées, chemin d’accès zéro goudron, que des pierres assemblées à la main, haies avec des essences locales… D’autres questions ?
Pour fabriquer une serre sans trop dépenser, avoir le plaisir du do-it-yourself d’un bout à l’autre et participer un petit peu au recyclage si nécessaire des matériaux, et bien sûr disposer d’un espace d’hivernage pour les plantes fragiles en hiver et préparer les semis de printemps :
En occitan normalisé cagadors secòs, en français toilettes sèches. Bref, inutile de tourner autour du pot, c’est bien de nos déchets intimes qu’ il s’agit. Pourquoi encombrer les stations d’épuration avec nos matières fécales ? Pourquoi dépenser douze litres d’eau à chaque tirage de chasse ? Plutot que de chercher du coté de Freud des explications d’ordre psychanalytique, il s’agit avant tout d’un geste de bon sens, sinon politique . « Quoi ? vous faites caca dans de l’eau potable ? » s’exclamait un petit Africain. Donc choix assumé d’utiliser un seau ( en inox, plutôt qu’en plastique pour éviter les mauvaises odeurs ) et de la sciure gratuite de la scierie d’à coté. On vide le seau de 15 litres tous les 2/3 jours. Tous les jours s’il y a du monde. Dans ce cas, chacun participe à tour de role. Le seau est vidé en tas près du jardin. Notre compost va « murir » 2 ans. Certains préconisent de l’utiliser au bout d’un an. Nous on va attendre vingt quatre mois, autant pour des raisons psychologiques que pour sa maturation, et puis parce qu’on a la place, avant de rendre à la terre ce qu’elle nous a donné…
Les constructions neuves sont soumises à la fameuse Réglementation Thermique (RT )2012. Pour faire court, la consommation d’énergie des batiments à usage d’habitation ne doit pas dépasser 50 kw/m2/an. Il faut prendre en compte l’efficacité énergétique du batiment, sa situation, les matériaux mis en oeuvre, les différents usages (chauffage, éclairage, climatisation, électro-ménager …) Nous avons opté pour le chauffage au bois, non par habitude- même si nous utilions exclusivement cette source d’énergie depuis 40 ans-, mais parce qu’il nous semble évident dans un pays forestier comme la Montagne Noire d’utiliser cette énergie locale. Limite de l’exercice : une maison de moins de 100 m2. Pour en savoir plus sur les dispositions réglementaires concernant le chauffage au bois, c’est par ici. Contrainte supplémentaire, la loi impose un dispositif de réglage automatique. Les poëles à granulés savent le faire. Or, nous ne tenons pas à utiliser des granulés, car cela nous semble une aberration de transformer le bois en granules (consommation énergétique ), puis de le transporter (re-consommation ). Du coup, les poëles à bois bûches qui satisfont à tous ces critères sont peu nombreux sur le marché. Nous avons choisi un poële danois HWAM qui accepte des petites buches de 33 cm, autonomie 7 à 10 heures, avec un stockage de 80 kg de pierre olaire pour restituer les calories même quand le feu s’est éteint et … la fameuse télécommande qui donne la température intérieure, celle souhaitée, qui allume un petit ventilo et qui couine quand le poële réclame un apport de bois !
Pour la structure de la maison, nous avons opté pour le douglas (pseudotsuga ) issu de forêts locales ( vers Brassac ) et scié à Semalens ( Tarn ). Abondant, bonnes qualités mécaniques, bel aspect, longévité, résistance aux maladies. Seules les longues portées (supérieures à 3 mètres ) ont été réalisées en poutres de lamellé-collé. Douglas aussi pour le bardage extérieur, fixé sur des liteaux eux-même recouvrant le pare-pluie. Bardage vertical ou horizontal ? (sans même parler du bardage oblique ) Les deux formules ont leurs adeptes, avec d’excellentes raisons pour chacune d’elle. Il a fallu trancher sans vexer personne : vertical pour les façades nord et sud, horizontal pour les façades est et ouest !