Tous les articles par Gérard Bastide

paréidolies, en plein dans la figure

Je n’oublie pas mon passé de prof d’arts plastiques. C’est plus fort que moi. Pour ne pas perdre la passion de transmettre, je propose à présent des diaporamas-conférences sur des thématiques esthétiques un peu décalées. La première s’intitule « paréidolies, en plein dans la figure », où je convoque tour à tour les artistes paléolithiques, Arcimboldo, Léonard de Vinci, Holbein, Rorschach, Dubuffet, en passant par l’art brut, le graf, la planète Mars, l’anamorphose et tant d’autres joyeusetés. La première aura lieu à la médiathèque d’Aussillon le 29 mars.

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10 au carré et les mômes

Mon installation « Dix au carré » lors du 10° festival du film documentaire de Labastide-Rouairoux a eu au moins le mérite de faire réagir les enfants et suscité de beaux échanges, d’abord sur place lors d’ateliers, ensuite plus tard avec la mise en place d’une correspondance scolaire avec les gamins et leurs professeurs sous la houlette du dynamique conseiller pédagogique Michel C. C’est à croire que les enfants sont plus réceptifs à ce type d’oeuvre. Ou que les adultes sont tellement blasés que leur regard glisse à la surface des choses ? En tout cas, j’ai eu infiniment plus de retours enthousiasmants de la part de ces pitchous. Les échanges avec eux, les débats qui s’ensuivent et leurs textes sont  à savourer ici :

https://erh4.blogspot.fr/2017/10/visite-des-classes-sur-le-festival_18.html

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GB à Vincennes

Amis du vélo et des voyages et de la poésie et de la littérature et de l’humour, bref presque tout le monde, l’Intrépide Centripète sera présent au 30 ° festival du voyage à vélo à Vincennes organisé par le Cyclo-camping International. Parmasonnette  ! Il  présentera une version courte de son voyage à bicyclette à la recherche du Centre le dimanche 22 janvier après-midi. Mais y a pas que lui ! Ici la bande-annonce du festival !

 

Les 80 ans du Front Populaire

Ou un anniversaire passé à peu près inaperçu. C’est bien dommage. Pourtant le secours Populaire de la vallée du Thoré a organisé le 12 février 2017 une jolie soirée avec une conférence de l’historienne Patricia Daussin sur les premiers Congés Payés dans notre secteur. Et pour rythmer le tout, un petit tour de chant avec mes acolytes Alain Rouanet à la guitare et Jean-Pierre Albert à la batterie. Au programme, des titres d ‘époque : Y a d l’a joie (Trenet), quand on s’promène au bord de l’eau (Gabin ), une partie de pétanque (Alibert ), el ejercito del Ebro (chant républicain espagnol ), la java bleue etc…    https://www.youtube.com/watch?v=4IubjKqCpd0&feature=youtu.be

 

 

clôture « country »

Clôture « country » ou,  pour dire les choses autrement, rustique soigné. Ingrédients : deux solides poteaux en ferraille très très costauds ( j’avais récupéré ces éléments ainsi que d’autres sur la déchèterie de Saint-Pons quand elle était encore ouverte à tout-va ). Je crois bien qu’il s’agit d’anciens tubes pour forage. Enfoncés à force à 60/70 cm de profondeur. Pour les poteaux de clôture carrés, ancrages en acier galva enfoncés à 70 aussi . Ca devrait tenir… Là dessus, une jolie petite clôture en pin traité autoclave de chez L.M. (j’ai pas à faire de la pub, chacun son job  ) et surtout un muret en pierres sèches. Les pierres ? Des pistes ont été ouvertes pour les forestiers dans l’Espinouse. Des miliers de pierres magnifiques ont été poussées par le bull dans les talus où elles continueront leur existence enfouies à jamais sous la végétation. Alors j’en ai prélevé quelques unes sans état d’âme. Au contraire, je leur offre une visibilité constante, une place au soleil. Elles doivent m’en savoir gré. Ah, j’oubliais : la boite à lettres peinte par Marie façon Hundertwasser.

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un cadavre dans les dunes ?

Pas de panique, c’était le sujet du concours de nouvelles 2017 organisé par les éditions Arthémuse au Touquet.
300 nouvelles, 16 sélectionnées…et un prix unique de 1000 € à la lauréate. Ca valait le coup de se bouger la plume ! ou plutôt le clavier. Bon, j’ai pas gagné mais ma nouvelle “ un coeur brûlant» figure dans le recueil. Comme je suis bien brave, vous la trouverez in extenso ci-dessous…

arthemuse

UN COEUR BRULANT

Elle est arrivée de nuit avec la fourgonnette.
Elle a arrêté son véhicule au bout de la piste, juste à la limite du sable.
A ouvert la porte arrière, a sorti la forme enveloppée d’un drap blanc. Lentement, la fille aux cheveux courts a gravi la dune avec son chargement sur le dos. Elle a posé le corps, s’est agenouillé auprès de lui.

Mon tout à moi
ma douceur
mon âme mon battant
oh mon homme ma tendresse mon vivant

les mots d’amour
elle les psalmodiait comme une incantation
les mots qu’elle lui offrait comme quand il était vivant
la nuit était comme morte aussi seul le souffle du vent et encore.
Juste le sable.
Toute la nuit à mots si tendres elle lui a murmuré
toute la nuit à l’oreille

Greg
mon aimé, ma ferveur ma toute lumière
rien que pour toi mon tout doux mon solaire mon petit

Et c’étaient presque les mêmes mots que lorsqu’ils étaient tous deux vivants.
Mais le corps chéri ne répondrait jamais plus. On ne répond pas quand le corps pèse trente-cinq kilos, les bras percés de centaines d’injections et que de toute façon toute chaleur l’a quitté, déjà les yeux dépouillés de toute lueur et le visage si pâle sur le noir de la nuit.
Les mots ne font pas revenir.
Elle berçait la dépouille froide tout en hochant la tête à petits coups comme une bête qui sent le vent et sans larmes sans frissons une immense colère froide est montée peu à peu en elle. Une colère de femme comme une grande marée d’équinoxe, une rage qui enfle et que rien ne peut arrêter. Et tout en continuant à murmurer sa prière, derrière la dune elle a creusé à la main un trou dans le sable fin jusqu’à atteindre le mouillé. C’était pas difficile. C’est pas ça le plus difficile.
Elle a déposé doucement oh si doucement le corps de l’homme comme s’il s’agissait de la sieste d’un enfant malade. Comme une offrande froide à la dune. Les sourcils froncés elle a fait plusieurs aller-retour entre la lisière de la forêt et la fosse avec des brassées de branches de pin.
Mortes les branches elles aussi.
Les yeux clos comme pour un très ancien rite elle a craqué le briquet et mis le feu aux photos, au carnet.

Le feu de son bûcher mortuaire a crépité puis s’est vite consumé sans fumée. De toute façon il n’y a personne sur la plage en janvier. Rappelle-toi, amour, même en été il n’y avait jamais personne sur cette plage.
Elle a recouvert le corps de sable, a pelleté de ses mains nues le sable jusqu’à recouvrir la dépouille et les brandons de bois noir. Dans les dunes face à la plage toujours déserte où ils avaient fait l’amour la première fois. Le jour s’est levé à peine, jour de cendre et de désespoir de femme.
Grise la mer gris le ciel gris le coeur vidé

le mort la mer la mort

A genoux devant lui tant que mon coeur continuera de brûler elle a dit je te vengerai. Sans se retourner elle a marché jusqu’au van, a tourné le contact. Le véhicule est sorti de l’ornière, a repris docilement des routes familières, a regagné le monde des hommes.

CENTRE ANTI-CANCEREUX
C’est là qu’on envoie toujours les intérimaires. “Viande à rems”, ricanait Greg et il racontait des histoires de cercueils plombés. Lui et tant d’autres, les doses dépassées, les dosimètres qu’on laissait à l’entrée pour éviter qu’ils ne sonnent. Si tu dépasses la dose, on te renvoie à la maison.Alors…alors, faut bien croûter mon gars, on en est tous là.

Finalement ç’avait été si simple déguisée en infirmière.
Avec sa bonne bouille ses cheveux au carré ses yeux de miel bleu. Suffisait d’une blouse blanche. Elle avait signé une vague décharge, on l’avait laissée prendre livraison du corps. Il pesait si peu. Elle l’avait chargé presto dans le van et ils avaient repris la direction de la mer comme avant comme avant voilà tout

“Leucémie aigüe, aucun rapport avec son métier”
avait décrété l’Agence de Sécurité. C’est à vous madame d’apporter la preuve que sa maladie puisse avoir un quelconque rapport avec son activité. Je suis navré bien entendu mais croyez-moi, nous prenons toutes les précautions imaginables pour notre personnel. Y compris les intérimaires. Croyez bien que ça nous coûte bien assez cher mais la sécurité n’a pas de prix n’est-ce pas ?

bien sûr bien sûr boulot de merde c’est ainsi voilà tout, ça devait arriver, souffla Greg, promets-moi de m’aimer même quand tu n’auras plus rien à aimer quand je ne serai plus là tu m’aimeras encore mais promets-moi de pas le faire Sonia
elle l’avait embrassé sur les deux yeux elle n’avait rien promis

Sonia, prends soin de notre histoire disait-il encore ou bien
il faut que tu vives des choses comme ça
les choses qu’on dit quand on est un peu à court
que les gestes ne suivent plus que la vie vous pousse dehors
et c’est la mort qui entre

Finalement ç’avait été aussi simple qu’à l’hosto. A la centrale on manque toujours d’intérimaires. Tous ces malades, ça finit par se savoir. Alors on n’est pas regardant. Formation en huit jours et direct aux opérations de maintenance. Elle a touché sa tenue officielle. Elle a aussi gardé le badge de Greg.

C’est toi la nouvelle? a dit le chef d’équipe en matant la bonne bouille sous les cheveux au carré. Ton job, ce sera la cuve n°3 sous le réacteur. T’es menue, ça tombe bien. Faudra passer par un trou d’homme. Ce sera la première fois qu’une femme passe par un trou d’homme !
Il avait rigolé grassement et les autres s’étaient fendu d’un sourire sous le casque.

Le miel bleu s’était déversé sur lui comme du métal en fusion

Et trois minutes maxi, tu connais la consigne !

Pas grave, Sonia aura largement le temps de placer la charge explosive. Et pas l’intention de ressortir. Le monde est déjà mort.

19H17
Là bas, un étonnant panache monte sur des kilomètres de ciel comme pour lui signifier des choses indicibles
19H40
Des centaines de phares bleus sur des voitures blanches s’agitent à la surface des choses comme des fourmis dérangées
19H57
“Une banale opération de maintenance vire au cauchemar “ brament les télés.

C’est la première fois qu’une centrale s’embrase par amour

Le coeur brûlant continuera de battre pendant des centaines d’années

dix au carré

Festival du film documentaire  de Labastide-Rouairoux, 10° édition, peut-être la plus belle; avec nos invités, Reza, Bertrand Gallet, Pierre Carles, Christian Rouaud, etc… Je suis invité comme chaque année à proposer une installation sur le thème du festival. Bon. Ce sera  «Dix au carré», 99 cubes de bois surmontés de fers à béton et aussi un cube de granit. Autoportrait. Une pincée de pédagogie aussi. Si la population de la planète était un village de cent habitants…

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