Il y a si longtemps, ici, en Montagne Noire, des hommes ont dressé des pierres. Hommage du vivant au minéral. » Roche morte, os de la terre, je te dresserai et ta position verticale te donnera la stature d’un homme. On te connaitra au loin. Tu seras la première des statues. Tout à tour borne et repère, frontière entre l’ici et le là, exacte limite entre le vivant et le mort, le profane et le sacré, l’en-haut et l’en-bas. A mon tour, « aussi actif qu’une statue dérisoire à un carrefour de constellations » ( Michel Serres), j’ai convoqué mes stèles rafistolées, mes totems amoureux, mes quincailleries bourrues, mes ménageries imaginaires, un concentré de technologie à base de matériaux de maraude pour raconter mes mythologies verticales. Aujourd’hui encore, je continue à chercher un cheminement géopoétique dans la préhistoire des formes, des matières et des gestes. L’élan suspendu, la durée arrêtée, le point d’équilibre… La grâce , c’est quand le poids ne pèse plus.
Gérard Bastide