lettre ouverte à Cécile Duflot

Bonsoir Cécile,

merci d’avoir pris la peine d’écrire à tous les membre et coopérateurs d’EELV dont je suis.
J’ai bien lu  les arguments que tu développes ( pardonne-moi le tutoiement, comme Prévert « je dis tu à ceux que j’aime »)
et qui justifient selon toi la signature de l’accord avec le PS.
En forçant à peine le trait, on serait ainsi passé de l’âge ingrat des écolos gentils mais brouillons, un peu immatures, naïfs en politique, à un parti adulte, roué et capable de négocier de gré à gré avec ses plus redoutables partenaires, dont le PS, et lui arracher un compromis qui te semble un bonus pour la camp écologiste.
Même si cela était, où serait notre victoire quand elle dessine pour l’opinion publique un renoncement sur ce qui fait le socle de nos valeurs ? Comment expliquer à cette même opinion publique le subtil distinguo entre un accord législatif qui n’est pas un accord programmatique ni une plate forme de gouvernement ?
Cette lutte anti-nucléaire, dont nous fûmes quelques uns dès les années 70 à faire le socle de notre combat, loin d’être une monomanie ou une obsession, représente le coeur à jamais brûlant de tout ce qui fonde nos luttes d’aujourd’hui.
En ces temps  de confusion, il n’est  pas inutile de les rappeler :
– la spoliation des richesses minières des pays du Sud
– l’inceste permanent entre l’atome civil et l’atome militaire
– la pointe avancée d’une technologie aveugle aux vrais besoins des gens et au service d’un capitalisme effréné
– le dos tourné à une société civile plus sobre, plus égalitaire et plus juste
– la centralisation des décisions énergétiques aux mains d’une oligarchie dévoyée au service des lobbies
-le cynisme éhonté de notre génération qui se décharge sur les centaines de générations  à venir de la question des déchets

Bref, nous ne nous étions pas trompés quand il y a quarante ans nous pointions les désastres annoncés de la filière électronucléaire.
C’est pourquoi j’ai l’impression aujourd’hui d’un renoncement. Pire, d’un reniement. Oui, nous l’aurons, ce groupe parlementaire à l’assemblée, oui, nous pèserons d’un poids nouveau, je l’espère, dans les décisions législatives. Pas si sûr d’ailleurs,  car les négociations avec le parti socialiste- j’en sais quelque chose dans nos petits territoires-, ne tourne jamais à notre avantage, ancrés qu’ils sont dans leur certitude d’incarner à seuls l’alternance et ayant pris de bien mauvaises habitudes dans leur gestion des affaires locales.
Pour tenter de vaincre l’impétueux courant de cette  droite réactionnaire française, nous avons jeté un pont au dessus du fleuve Sarkozy pour rejoindre la rive socialiste. nous avons été les premiers à traverser, mais nous y aurons perdu en même temps notre âme.

cordialement  à toi,
avec toutes mes convictions écologistes intactes.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *