Tous les articles par Gérard Bastide

GB et le concours Allibert trekking

Salut !
je participe au concours Allibert/Millet: une destination (moi j’ai choisi l’Italie du Nord ), quelques photos…et des internautes qui votent pour ce projet. A la clé, la possibilité d’être peut-être tiré au sort pour y partir. E bene, no ?
pour en savoir plus, voir le site
www.allibert-trekking.com/aventure

et laissez votre commentaire.

Mille grazie !

dernière minute : je fais maintenant des 20 finalistes ! Chaque semaine, les 5 candidats qui ont eu le moins de voix sont éliminés. Alors, si vous voulez m’aider…et avoir une chance de partir en Italie ou au moins gagner du beau matos de montagne, n’hésitez pas,   quelques clics et merci !

sur le blog « écrivains et voyageurs »

1° novembre 2011 :

J’ai lu « La Voie cyclique » de Gérard Bastide

« Polyfaiseur de multichoses », comme il se définit lui-même sur son site, Gérard Bastide est entre autre un « écriveur polygraphe » et un « cycliste oblique ». Sans compter un goût certain pour le sud… Tout ça ne peut donner qu’une œuvre peu catholique (pardon…) et originale. A priori tout ça me plait bien. Lisons La Voie cyclique, dont le titre est déjà une occasion de constater l’humour et le jeu avec les mots que l’on retrouvera tout au long du recueil.

« J’ai tant de choses à voyager »

Le propos de l’auteur est de nous emmener, à vélo, sur les sommets méditerranés. J’aime bien la montagne. Je n’aime pas le vélo. Et les récits des cyclotouristes me laissent souvent sur ma faim : je n’adhère que rarement aux histoires de dérailleurs qui déraillent et de mollets qui fléchissent. Mais dès les premiers mots – la citation en exergue du premier récit, ce « Pour survivre, il faut raconter des histoires » de Eco – et les premières lignes de « Précyclule », je me sens un peu rassuré. Il s’agit de « circonscrire une quête », de « chercher une identité commune » à une « entreprise déraisonnable (qui) n’exclut pas un certain pragmatisme. » On dirait que ça ne va pas être triste, tout en restant à une certaine hauteur… Mais d’abord: faut-il y aller à vélo ? Où, dit plus crûment : est-ce utile de remplacer une sieste par quatre heures de pédalage en plein soleil ? Oui et non. D’abord parce que « toutes les forces physiques qui mettent ce monde en branle semblent s’être liguées contre l’homme debout. » Mais quand on cherche une « voie », et que le taôisme propose des étapes « assez longues et sans ravitaillement », la « voie cyclique » est peut-être ce qui convient le mieux à ce sportif du sud, à ce « cycliste tendance romantique musclé. » Et puis il y a, comme après tout effort physique ; à pied ou à vélo, une sorte de récompense. « Le Bon Faiseur qui récompense les cyclistes méritants a généralement placé au haut des cols d’agréables descentes qui font de l’air, sèchent la sueur et permettent d’oublier les tourments de la veille. »

« Cette montagne me va à gravir »

Dans ces récits on trouvera donc plein d’histoires, et aussi des références à quelques voyageurs ou nomades, comme Thoreau, Kenneth White ou Sylvain Tesson, ce qui n’a rien d’étonnant pour ces voyageurs qui préfèrent « l’ailleurs » au sens physique, mais aussi au sens intellectuel, un « Tibet mental ».
Suivons Bastide. Partons aux Pyrénées, à l’Etna, aux Baléares, au Canigou, au Ventoux, à l’Olympe… à la recherche de ces « cultures de l’altitude, tout ce que la longue mémoire des hommes et leurs croyances ont pu forger à partir de ces sommets. »

On relèvera, entre autres choses, un bref éloge de l’âne : « Qu’aurait été la méditerranée sans l’âne ? Une Laponie sans rennes, une Australie sans kangourous » ; de nombreux jeux de mots, aphorismes, néologismes, traits d’humour – il y a du Allais et du Vialatte dans l’air… – qui donnent un tour joliment décalé aux récits ; des citations comme ce proverbe d’Asie centrale : « Garde-toi de demander le chemin à qui le connaît, tu risquerais de ne pas t’égarer » ; et quelques pensées définitives et pacifistes qui relativisent notre présence sur terre et nos éternels questionnements : « Les armées ont avancé à cheval, les religions à dos d’âne. Les unes et les autres laissant derrière elles le même sillage de mouches et de crottin, de pisse et de sang. »
Ce que je pensais en ouvrant ce livre s’est avéré : ces récits – ce « concerto pour route et cyclo – sortent de l’ordinaire des journaux de voyages cyclotouristiques. La machine est bien là, elle est même le pivot des récits, mais elle est « l’outil commode pour arriver à mes fins personnelles », elle sert surtout à avancer sur la route, de préférence hors des sentiers battus, et est plus souvent prétexte à des bavardages philosophiques – mais une « philosophie du vélo (…) au même titre qu’il y a une philosophie de la clé de 12 ou une éthique du grille-pain » – qu’à des considérations techniques ou topographiques. Pari gagné, si c’était le propos de l’auteur. Très bon petit livre, qui peut être lu et relu – c’est important quand on n’emporte qu’un livre dans le sac à dos, ou la sacoche.
Les premières lignes : « Il s’avance debout au fond des couloirs du temps. L’homme. Avec quelques autres formes dont il partage l’espace, les termitières, les girafes, les autruches et les pingouins, les ours en colère, la pluie, le filet de fumée, il apprend à se tenir droit. Dressé. Bipède. C’est l’arbre qui lui explique tout ça. Et la montagne. »

Gérard Bastide – La Voie cyclique
Sommets méditerranéens à vélo
Editions Le Pas d’oiseau 2011.

http://gerardbastide.fr/sommaire.php

lettre ouverte à Cécile Duflot

Bonsoir Cécile,

merci d’avoir pris la peine d’écrire à tous les membre et coopérateurs d’EELV dont je suis.
J’ai bien lu  les arguments que tu développes ( pardonne-moi le tutoiement, comme Prévert « je dis tu à ceux que j’aime »)
et qui justifient selon toi la signature de l’accord avec le PS.
En forçant à peine le trait, on serait ainsi passé de l’âge ingrat des écolos gentils mais brouillons, un peu immatures, naïfs en politique, à un parti adulte, roué et capable de négocier de gré à gré avec ses plus redoutables partenaires, dont le PS, et lui arracher un compromis qui te semble un bonus pour la camp écologiste.
Même si cela était, où serait notre victoire quand elle dessine pour l’opinion publique un renoncement sur ce qui fait le socle de nos valeurs ? Comment expliquer à cette même opinion publique le subtil distinguo entre un accord législatif qui n’est pas un accord programmatique ni une plate forme de gouvernement ?
Cette lutte anti-nucléaire, dont nous fûmes quelques uns dès les années 70 à faire le socle de notre combat, loin d’être une monomanie ou une obsession, représente le coeur à jamais brûlant de tout ce qui fonde nos luttes d’aujourd’hui.
En ces temps  de confusion, il n’est  pas inutile de les rappeler :
– la spoliation des richesses minières des pays du Sud
– l’inceste permanent entre l’atome civil et l’atome militaire
– la pointe avancée d’une technologie aveugle aux vrais besoins des gens et au service d’un capitalisme effréné
– le dos tourné à une société civile plus sobre, plus égalitaire et plus juste
– la centralisation des décisions énergétiques aux mains d’une oligarchie dévoyée au service des lobbies
-le cynisme éhonté de notre génération qui se décharge sur les centaines de générations  à venir de la question des déchets

Bref, nous ne nous étions pas trompés quand il y a quarante ans nous pointions les désastres annoncés de la filière électronucléaire.
C’est pourquoi j’ai l’impression aujourd’hui d’un renoncement. Pire, d’un reniement. Oui, nous l’aurons, ce groupe parlementaire à l’assemblée, oui, nous pèserons d’un poids nouveau, je l’espère, dans les décisions législatives. Pas si sûr d’ailleurs,  car les négociations avec le parti socialiste- j’en sais quelque chose dans nos petits territoires-, ne tourne jamais à notre avantage, ancrés qu’ils sont dans leur certitude d’incarner à seuls l’alternance et ayant pris de bien mauvaises habitudes dans leur gestion des affaires locales.
Pour tenter de vaincre l’impétueux courant de cette  droite réactionnaire française, nous avons jeté un pont au dessus du fleuve Sarkozy pour rejoindre la rive socialiste. nous avons été les premiers à traverser, mais nous y aurons perdu en même temps notre âme.

cordialement  à toi,
avec toutes mes convictions écologistes intactes.

« l’effet ciseau « , suite

lu sur le blog « le monolecte », d’Agnès Maillard

Ils n’ont plus besoin de nous.

En fait, nous sommes même un peu encombrants. Comme des wagons vides que l’on détache pour ne pas se les traîner dans la montée.

Chaque Crise n’est jamais que l’accélération brutale et préméditée d’un processus entamé depuis quelques décennies, un processus volontaire et conscient qui consiste à refermer la parenthèse maudite des droits des peuples nés du traumatisme de l’après-guerre. Ce n’est même pas moi qui le dis.
L’objet de La Crise, comme processus économique conscient, constant et entretenu par des politiques qui ne relancent rien parce qu’elles ne sont qu’aggravantes, l’objectif ultime de cet état de choc permanent, c’est la disparition de la classe moyenne mondiale et la liquidation de la population surnuméraire.

Dit comme cela, ça fait un peu exagéré. Complotiste fou. Paranoïaque en pleine crise psychotique. Terroriste, même, un peu, sur les bords.

Mais les faits sont plus têtus que 30 ans de propagande de Crise. Les faits racontent que la richesse mondiale, elle, progresse sans cesse, que l’humanité n’a jamais été aussi riche qu’en ce moment. Ce qui signifie, concrètement, qu’il n’y a aucune crise économique en cours. Ce qui signifie, concrètement, que toute politique visant à réduire encore un peu plus les moyens de subsistance d’une partie de plus en plus importante de la population mondiale est une politique délibérée de paupérisation à grande échelle, une politique de création artificielle d’inégalités insupportables, une politique de confiscation des ressources du plus grand nombre pour le profit de quelques-uns.

Ceci n’est pas une putain de crise. Ceci est le bout du chemin. Ceci est le rétablissement d’une société féodale, où la loi du plus fort, du plus riche écrase tous les autres. Ceci est la négation de tout ce que les peuples avaient construit et gagné depuis seulement 60 ans. Ceci est la fin du Contrat social. Ceci est une fin de civilisation.Ceci est leur réponse, leur solution, à la seule véritable crise actuelle : la crise écologique.

Parce qu’il faut vraiment être naïf pour penser que la part la plus gaspilleuse et profiteuse de notre population n’a pas pris la mesure du véritable danger qui nous guette : le fait que notre nombre, en tant qu’espèce, conjugué à notre mode de vie, implique un épuisement des ressources et donc de nos capacités de survie, toujours en tant qu’espèce, sur cette planète.

Il n’y a, en gros que deux façons de réagir face à la crise écologique majeure :

changer globalement notre mode de vie afin de le rendre supportable pour notre planète. Cela revient grosso merdo à quitter le modèle capitaliste, basé sur la surproduction et la surconsommation d’une bonne grosse minorité de l’humanité, pour un modèle fondé sur les besoins humains véritables, quelque chose qui, en gros, devrait tous nous faire converger vers le mode de vie d’un Bengali moyen. Vaste progrès pour certains d’entre nous, petit changement de braquet et grande révolution intellectuelle pour la majorité d’entre nous et sacrifice incommensurable pour les quelques-uns qui vivent et consomment comme des porcs.
éliminer la concurrence en limitant drastiquement et autoritairement l’accès aux ressources. Favoriser une régulation néo-darwinienne de la population en dégradant globalement les conditions de vie : limitation de l’accès à la nourriture, au logement, aux soins, au repos et à l’éducation. Ne conserver, dans un état de servitude volontaire, que la partie de la population nécessaire pour produire les biens indispensables au confort de la minorité dominante. Libéré du poids démographique, continuer de gaspiller et de se goinfrer sans se soucier des conséquences.
À votre avis, quel choix ont bien pu faire ceux qui nous gouvernent et qui, à ce titre, sont au sommet de notre chaîne alimentaire spécifique ?

« L’effet ciseau  » par Agnès Maillard

Lu sur son son blog, le Monolecte :

Effet ciseau

Par Agnès Maillard le mardi 8 novembre 2011, 12:55 –

Et là, est-ce que tu commences à bien la sentir, la main invisible du marché ? Est-ce que tu la sens bien, son étreinte implacable qui t’a choppé par les balloches et qui te broie, continuellement, inexorablement, jusqu’à ce que tu mettes genou à terre, jusqu’à ce que tu ploies l’échine, jusqu’à ce que tu ne sois plus rien qu’un grand cri de douleur ?

Je le dis et je le répète, inlassablement, parce qu’il faut bien ne jamais se lasser : ceci n’est définitivement pas une crise.

Une crise, c’est un événement soudain et imprévu, assez violent, et bien délimité dans le temps, avec au moins un début assez marqué, souvent une dégradation fulgurante et un dénouement violent. Or là, nous vivons juste dans un état permanent de crise. À moment donné, c’est devenu La Crise. Et même si on change le nom de temps à autre, c’est toujours La Crise. Comme une sorte de divinité maléfique et incontrôlable qui perturbe les plans des gouvernements, comme un chien égaré dans un grand jeu de quilles bien ordonnées.

Je pensais que le coup de La Crise ne pouvait pas marcher à tous les coups, tout le temps, pour tout et n’importe quoi.

Je me trompais.

La Crise, c’est l’état normal de la marche du monde pratiquement depuis que je suis née. Je ne me souviens pas avoir vécu autre chose que La Crise et mon tout premier souvenir, c’est celui de La Crise : le soir où mon père est rentré du boulot avec une 4L à la place de la grande Commodore familiale.
C’était il y a un peu plus de 35 ans.

Depuis ce moment-là, je vis dans un monde en Crise permanente.
Enfin, plus ou moins permanente, plus ou moins en déclin, selon la saison et selon le statut social des personnes concernées.

Parce que, comme tout un chacun l’avait quand même un peu remarqué, ce n’est pas la même crise pour tout le monde. Parce que La Crise, c’est le désordre et le désordre, c’est paradoxalement comme tout ordre social, cela crée des perdants, certes, beaucoup, mais aussi quelques gagnants, bien moins nombreux, mais ô combien mieux servis. La Crise que l’on nous ressert jour après jour comme un vieux reste exhumé bien trop de fois de son tupperware pour rester vaguement comestible a ceci de particulier qu’elle frappe durement les pauvres, qu’elle érode lentement mais sûrement les capacités natatoires de la fameuse classe moyenne qui surnage entre deux eaux et qu’elle profite au-delà de toute proportion à un groupe de plus en plus restreint de personnes très riches, très puissantes et très intouchables.

Et ce n’est pas le énième faux plan de sauvetage de la Merkozy en délire qui va changer quoi que ce soit à la donne.
Bien au contraire !
Nos gouvernements d’imposteurs produisent à la chaîne des plans, qui n’en sont pas, parce qu’ils ne prévoient rien, fallacieusement qualifiés de relance, alors que la seule chose qu’ils relancent c’est la vitesse avec laquelle les inégalités se creusent et que la situation se dégrade. Parce que là est le point intéressant : la situation ne cesse de se dégrader, non par la grâce d’une quelconque loi économique implacable et indépassable, mais uniquement par la volonté des instances décisionnelles réelles mondiales.

Parce qu’il ne faut pas prendre les ennemis des peuples pour des canards sauvages. Il ne faut pas penser un seul instant qu’ils tentent quoi que ce soit pour améliorer le sort du plus grand nombre. Il ne faut en rien imaginer que ces gens qui pérorent à longueur de temps sur nos écrans dont la lueur livide souligne le désenchantement de nos foyers, que ces gens puissent, à un seul moment, nous dire la vérité. Leur vérité. Simple. Brutale. Implacable.

Ils n’ont plus besoin de nous.

…à suivre…